Je n'y pensais même plus
Par Kozlika le mardi 27 septembre 2005, 22:11 - Lien permanent
Je me suis réveillée au beau milieu de la nuit dernière, saisie par une découverte subite, si étrange, si déroutante, qu'elle m'a totalement sortie du sommeil. Je n'y pensais même plus. Je pensais devoir apprendre à vivre avec, je croyais y avoir partiellement réussi, et voilà que j'ai vécu sans. C'était tellement stupéfiant que ça m'a réveillée.
Cela fait des semaines, peut-être bien des mois, que je n'ai pas eu de crise d'angoisse : la mort ne m'a pas insidieusement guettée, dissimulée derrière un grain de beauté, une migraine, une palpitation. Je n'ai pas eu une de ces attaques de panique, gouffre béant, vertiges et nausées. Petit tas gémissant accroupi contre un mur « je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir », mi-prière mi-mantra, et la honte après, les excuses. Pardonnez pour le dérangement, ça va passer. Non, je vous assure, ça passe toujours. Et au fond de moi, l'autre angoisse : et si ça ne passait pas un jour ? Et si je restais avec ce troupeau d'éléphants sur la poitrine, ces mâchoires crispées, ce souffle court, ce corps avachi, ces yeux hagards ?
Mais des répits comme ça, j'en ai déjà eu. Depuis des années les crises s'espacent, parfois de longs mois durant. Ce n'est pas ça qui m'a réveillée. Non, ce qui m'a réveillée c'est que je n'y pensais même plus, mais alors plus du tout. La sentinelle avait disparu elle aussi : je n'ai pas eu peur d'avoir peur, je n'ai repoussé aucun démon me poussant vers le vide ni n'ai tenté aucune manœuvre de diversion.
Et ça, je ne me souviens pas que ça me soit déjà arrivé. Jamais.
Commentaires
Ah ben voilà !
Comme quoi, parfois, ce n'est pas plus mal ...
Et ben ça c'est une excellente nouvelle ! Je vais rêver d'en faire autant avec les pigeons...
Entre Tarquine qui décide de foncer et toi qui n'a plus peur d'avoir peur, il s'en passe des jolies choses, dans la vie !
Tu as bien de la chance… Moi, la sentinelle est en permanence à l'éveil… alors, je plaisante avec elle… mais ce n'est pas toujours très évident.
Tu n'as plus peur d'avoir peur! Voila une bonne nouvelle. Par contre, garde toi une peur ou deux à surmonter, c'est toujours utile.
Euh... wé, vous emballez pas hein, je le prends comme une rémission plus qu'une guérison, mais ça avance dans le bon sens.
Obni : ce n'est pas de la chance, c'est du travail ;-)
Eléphants ? Tiens, c'est marrant, moi c'est un gros vieux autobus vert, tu sais ceux à plate-formes
(heu? pluriel des noms composés ?)
c'est moins doux sur la peau que la peau d'éléphant, je suppose ?
ce que tu écris de tes crises d'angoisse (1) ressemble à mes états de chagrin amoureux, dans cette façon qu'ils ont un beau jour de passer, généralement au bout d'un temps très long, il me faut des années, et cette façon que j'ai de ne m'en rendre compte que longtemps après, comme tu dis, stupéfaite de ne même plus avoir peur de la prochaine attaque.
(1) que je connais par ailleurs aussi, mais j'ai cette chance de n'en avoir connues jusqu'alors que dans un cas précis et qui s'il m'est arrivé trop souvent n'est pas si régulier dans ma vie, à savoir accompagner des proches malades et en fin de vie. Il y a un moment où être la personne qui tient la main provoque chez moi un effet de type sables-mouvants, je me sens entraînée.
J'ai connu de terribles crises de panique entre 13 et 24 ans, qui m'ont valu d'être constamment sous psychotropes à cette époque de ma vie et de craindre tous les jours "la prochaine".
J'en ai guéri après ma psychothérapie (qui n'était pas destinée à ça à l'origine!) : les crises se sont espacées sur des temps de plus en plus longs, et maintenant, je n'y pense plus sauf dans des conditions très particulières (comme Nonal, en voiture, parfois). Je pense que tu peux espérer raisonnablement être non pas guérie mais en voie de l'être.
Super nouvelle... !
Ce billet et celui de Nonal me font ressentir à nouveau ce qu'a été cet enfer, et l'envie de dire à ceux qui le vivent actuellement que si ça s'est arrêté pour nous, ça peut s'arrêter aussi pour eux.
Personnellement, je n'ai pas fait d'analyse mais j'ai été suivie par une psychiatre très compétente qui a vraiment changé le cours de ma vie. Et je n'ai plus jamais repris ni eu besoin de psychotropes, ni d'anxiolytiques, même dans les temps de malheur.
Profites bien de ce moment !
C'est un beau petit mot d'espoir que tu nous offres là. Merci Koz.
Yves > plates-formes :) Ah nan, moi ce sont des éléphants, et même pas des éléphants roses... Il y a des passagers dans tes autobus ? Parce que le concept serait intéressant :
– J'ai sur la poitrine, et ça m'empêche de respirer, un autobus à plate-forme.
– Et dedans, monsieur Duel, hum ? Qui est dedans ? A quoi ça vous fait penser ?
(Je continue pour Yves) Et si tu en parles à Raymond il ajoutera : Y avait-il un homme auquel il manquait un bouton à son veston ? »
Hé hé, voilà un chouette espoir pour quelqu'un que je connais bien ;-)
Je m'en vais de ce pas lui dire et l'embrasser ...
Toutes vos réflexions me font penser qu'aussi si on en avait moins honte, si on en parlait plus souvent, on se rendrait compte qu'on n'est pas si étrange, et ça aiderait. Moi ça m'aide vos commentaires, le trackback de Nonal de découvrir que je ne suis pas un phénomène de foire ni forcément bonne pour la camisole (chimique ou non).
Oui, tu as raison, c'est pour ça que je vais faire un trackback ici aussi : pour les gens qui vont tomber ici en tapant "crise de panique" dans leur moteur de recherche.
A cause de ce mot de "Franck"
Kozlika > j'avais oublié ça, tu as raison. Dire aux gens qui en souffrent qu'ils ne sont pas tout seuls, et que c'est un problème assez courant c'est indispensable. Parce que le cercle vicieux est terrible : on se croit un phénomène de foire, alors on se cache, et on s'enferme (dans tous les sens du terme).
Pour rebondir sur le commentaire de Samantdi, une petite précision sur mon billet, qui n'est pas très clair. Je ne prétends pas que la psychanalyse est LA solution. Je dis juste que ça a été la mienne. D'autres s'en sortent avec de la psycho comportementale, des thérapies seuls ou en groupe, ou... des psychotropes. L'essentiel, c'est de savoir qu'on peut en sortir.
Tiens, salut Raymond (dans l'autobis, dans l'autobus ...) !
Non, elle posait très peu de questions. Je me rappelle de 45 mn a regarder le plafond... - heu - la séance est terminée. A Jeudi.
C'était une pure et dure.
Mais j'ai tenu des années, parce que de toutes façons, quand tu as essayé les rails, l'aspirine, les femmes, le Wiski, les murs (la tête contre), et quelques autres solutions provisoires, hé bien si tu veux survivre, y a pas des tonnes de solutions !
tu reviens. tu t'étends. t'attends que ca vienne. Tiens puisque j'ai un blog, il faudra que je raconte ça un de ces jours. C'est ça qui me faisait marrer dans le papier de ce magicien de Miller dans Libé de ce matin. Il prend de loin les crétins d'escrocs des TCC. parce que tant que tu n'as pas souffert à en crever sur place, pourquoi comprendrais tu le chemin à faire ?
bon, aussi, il est tard, non ?
"tant que tu n'as pas souffert à en crever sur place, pourquoi comprendrais tu le chemin à faire?" C'est très fort... Mes peurs sont aussi des moteurs et comme la peur appelle toujours une copine, il m'arrive d'avoir peur de ne plus avoir peur... Le chemin à faire... Le mien c'est la litanie bene gesserit contre la peur... ce que j'ai lu de plus boulversant concernant ma vieille copine la peur... Si je compte le nombre de fois ou j'ai écrit le mot peur depuis que j'écrit, je touche à l'infini, au trou noir... La seule chose qui a changé c'est comme tu le dis Koz... litanie bene Gesserit :« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui mène à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. »
ça faisait longtemps que je n'avais pas reçu d'aussi bonne nouvelle.
j'ai un probleme qui me derange pendant un bout du temps mon mari sort avec une fille dans le boulot la ou mon mari travaille je veut juste des conseils aidé moi svp je n'en peut plus et donné moi aussi les verset bibliques aidez moi j'attend votre reponse .