Meusa est donc depuis le 17 décembre à Dakkar pour le moment en attendant le 15 janvier où il partira - devrait partir si tout va bien - dans un village à la frontière mauritanienne monter une ferme expérimentale de spiruline. C'est un projet qui lui tient énormément à cœur, qu'il réalise dans le cadre du Lycée international de la solidarité. Il est (vu de ma fenêtre), le jeune le plus investi de son groupe. Il projette ensuite de passer un diplôme d'Etat d'algoculteur spécialisé en spiruline et de s'engager dans les Volontaires du progrès. Autant dire que c'est important à double titre : la réussite du projet immédiat et un projet professionnel à long terme.

Mais deux écueils sont venus contrecarrer ce qui avait si bien commencé, lui qui depuis quelques mois, grâce notamment à son précédent voyage au Mali, avait retrouvé un enthousiasme pour la vie que nous ne lui connaissions plus depuis trop longtemps.

Deux ou trois semaines avant de partir il a décidé de devenir végétarien, par choix idéologique, mais si on y ajoute son dégoût de toujours pour tout ce qui est poissons et œufs, ne reste pas grand chose à manger là-bas qui puisse se trouver facilement. De plus il n'arrive pas bien à gérer un régime alimentaire différent des autres élèves qui l'accompagnent malgré la présence vigilante de leur encadrant. Donc il mange comme eux en éliminant tout ce qui est animal, reste pas grand chose à part des salades de crudités. Résultat : il est affaibli, vomit beaucoup, perd du poids. Ceux qui l'ont déjà vu savent qu'il n'est déjà pas parti de bien lourd !

Mais je ne serais pas honnête en prétendant que ce choix alimentaire est seul en cause et je n'ai fait que réagir impulsivement hier parce que je l'ai au téléphone tous les jours et que cette question de trouver un équilibre viable en harmonie avec ses choix ou y renoncer et se remettre à manger de la viande revient sur le tapis, forcément, puisqu'en l'état actuel, encore quelques jours comme ça et c'est le rapatriement, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur ses projets.

Car l'autre facteur qui compte pour beaucoup et que je n'ai pas évoqué hier c'est que s'ajoute à des considérations stomacales un grand chagrin dont je ne dirai pas plus parce qu'il détesterait ça, mais auquel il est confronté en huis-clos et la douleur qu'il génère le laisse totalement démuni et la perspective d'y être confronté trois mois durant lui apparaît quasi insurmontable.

Voilà, c'est un peu plus complet que ce que j'en disais hier. Plusieurs d'entre vous ayant commencé à formuler des conseils alimentaires, je vais tout à l'heure créer un billet chez lui afin que vous puissiez directement le lui dire sur son blog qu'il n'a pas encore réalimenté (oh le choix des mots monsieur Lacan...) mais qu'il consultera lorsque je lui aurai dit que vous vous y manifestez.

Encore une fois, merci énormément de vos réactions chaleureuses et je vous promets de vous tenir informés de la suite.

Et n'oubliez pas Moukmouk !